Gaiement (source: le Petit Larousse Illustré, 1996)
GAIEMENT ou, vieilli, GAÎMENT adv. Avec gaieté.
Création: Samedi 6 août 2005
Pacific Rainbow Flag
] Rouge | Orangé | Jaune | Vert | Bleu | Violet [
Création: Samedi 6 août 2005, dernière édition Lundi 8 août 2005
le chat : une pièce théâtrale pour acteurs et spectateurs
DISTRIBUTION : le héros, le chat; les spectateurs.
Toute sortie ne saurait être que définitive.
Le metteur en scène prendra garde à ne pas laisser tomber le rideau à l'entr'acte. Il préférera terminer les actes dans un noir absolu, excepté une seule lumière blanche qui, placée au dos du héros, transformera celui-ci en ombre chinoise.
ACTE I
Où l'on comprend la complexité des sentiments.
Scène 1 ~ Pièce tapissée d'une bibliothèque fortement poussiérée; sur les plus hautes étagères, on aperçoit des bocaux de formol remplis de formes animales, ici un crapaud, là un émeu lilliputien...; quatre portes, deux vertes, deux rouges vermeil, toutes différentes de par leur forme et leur poignée. Lorsque le héros entre par la porte verte à gauche, un bocal tombe et répand son contenu répugnant et visqueux sur le parquet. Cet homme sans âge est vêtu d'un déguisement de troubadour moyenâgeux, dont chaque clochette tintine au moindre mouvement de tête. Il a les bras levés au ciel et sourit exagéremment.
LE HEROS — d'une voix assurée mais innocente — : Je suis gai !
Scène 2 ~ Le héros aligne lentement les bras le long de son corps (petits doigts sur la couture). Gardant son sourire qui le qualifie bien, il scrute l'assemblée en parcourant chaque rangée de gauche à droite et inversement, en recommençant sans fin. Pas même le grincement de la chattière de la porte rouge vermeil à gauche qu'actionne un chat noir et très maigre au bout dix minutes le fera sourciller. La sortie du félin, après cinq minutes de promenade au fond de la scène sonne la fin de l'Acte I.
ACTE II
Où le héros comprend la complexité des sentiments.
Scène 1 ~ Même pièce, toujours sinon plus poussièreuse. Des jeux de lumière rendent l'atmosphère pesante. Notre joyeux luron (qui, à l'entr'acte, est resté sur la scène, immobile) semble tout à coup intéressé par un livre situé sous un bocal de formol. Le public devine avec stupeur la suite des évènements : le héros va subir une mésaventure. Pris de pitié, on entend dans l'assemblée des avertissements dignes d'une séance de Guignol. Or ce personnage est entêté, et les trois sentiments qui l'habitent à ce moment précis — gaité, curiosité et entêtement — embrouillent sa faculté de réfléchir. Il se dirige donc vers les étagères.
LE HEROS — d'une voix curieuse — : Je me sens intrigué !
Scène 2 (durée : un quart d'heure) ~ L'incident se produit : en tirant sur le livre, le héros reçoit sur le crane quantité de formol et de cuisses de grenouille verte. Sans un bruit, il se retourne vers le public, soutenant à bras levés le livre tant convoité, et place ses yeux dans le vide. La lumière se fait de plus en plus intimiste, seul un puits de lumière jaunâtre coule au-dessus du héros. On entend distinctement la chattière s'ouvrir, des pas feutrés parcourant la pièce, puis une seconde fois les gonds de la chattière.
ACTE III
Où les spectateurs comprennent la complexité de leurs sentiments.
Scène 1 ~ (Éclairage : d'une blancheur éblouissante, la lumière de l'entr'acte vire au rouge pourpre) Le héros reste immobile, bras tendus vers le ciel. Dix minutes passent. Brusquement, il lâche l'ouvrage dans un grand fracas. Un nuage de poussière s'élève autour du héros.
Scène 2 ~ Le héros descend doucement ses bras d'un mouvement solaire. Il reste alors immobile pendant trois heures.
Création: Dimanche 7 août 2005, dernière édition Lundi 8 août 2005
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